
ANNA TERNON : MEMOIRE DE PAYSAGE
Née en 1990, Anna Ternon est une artiste plasticienne diplômée de l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs de Paris. Elle développe un travail à la rencontre de différentes pratiques liées à la diversité de son enseignement en art dramatique et en arts visuels. Chaque projet l’amène à expérimenter un matériau, une technique, un procédé, l’incitant à renouveler sa production artistique en atelier.
Anna Ternon explore de nombreux médiums et teste les manières dont ils peuvent être combinés. Le bleu est l’unique couleur qu’elle choisit, en écho au bleu spécifique utilisé pour légender la mer sur les cartes géographiques. Plus particulièrement, le nom même du bleu outremer qu’elle utilise évoque une zone géographique située au-delà d’une mer.
Cette notion se retrouve dans la série Horizons, série de sculptures en cire, pigments et aluminium. Ces œuvres condensent en elles différentes couches d’un lieu. L’artiste nous dit en effet « avoir un rapport fantasmé au paysage ».

Provoquer l’émergence montre le processus de fabrication du pastel gras. Un paysage liquide se forme au fur et à mesure que vient s’accumuler la matière sur la crête d’un établi. La couleur est issue de pigments bleu outremer, dont la tonalité peut varier selon leur concentration dans le mélange de l’artiste (composé de cires et d’huiles). Cette œuvre in process fait référence à une marche en montagne, en Corse, où Anna Ternon a vu la terre se dessiner entre deux pans de mer. En perpétuel mouvement, cette installation renvoie aux souvenirs qui se construisent, jamais figés.
Le récit est aussi très présent dans la démarche de cette artiste. Il s’ajoute à son intérêt pour le travail de la mémoire. Ainsi, des fictions accompagnent ses installations comme dans Topographie d’une rencontre. Par les textes présents, l’œuvre établit un parallèle formel et ouvre vers un récit, entre la figure des humains, en groupe et celles des îles. En effet, l’artiste nous dit vouloir « rapprocher le principe d’émergé/immergé du territoire insulaire des différents niveaux de conscience humaine. Ce qui reste en dessous, qui remonte à la surface, etc. » A travers cette installation apparaissent des relations entre des notions géographiques et sociologiques.

Pour Anna Ternon, « le paysage est lié à la mémoire de celui qui le visite. » (entretien avec Anna Ternon le 15 août 2019). Le temps est aussi présent dans ses pièces qui jouent sur une vie de la matière. Ses œuvres expriment ce surgissement du souvenir et l’apparition d’images de paysages marins qui l’habitent. Dans Nos paysages en devenir, le bleu s’insère dans le blanc tel qu’il pourrait représenter, visuellement, selon l’artiste, une sorte de montée des eaux dans ce paysage. Ce blanc est considéré par Anna Ternon comme une sorte de matrice qui crée des formes. Elle vient cohabiter avec le bleu profond pour renforcer les frontières du paysage.
Chez cette artiste, si le bleu appelle à un paysage, à l’eau, il participe surtout de sa recherche artistique sur les processus de transformation, nous invitant à nous interroger sur ce que l’on garde de notre contemplation des lieux qui nous fascinent pour leur immensité.

Actualités :
– Résidence de recherche à La Maison Garenne, (septembre/octobre 2019) en Auvergne, suivie d’une exposition personnelle
– Co-commissaire d’une exposition à La Générale (Paris XXI) en novembre 2019 (le titre n’est pas encore arrêté)
– « Jardinons les possibles », exposition collective cur. par Isabelle de Maison Rouge, Les Grandes Serres, Pantin, octobre 2019
– « Prélude », performance au sein de l’exposition « Musique pour Arp » de Joseph Schiano di Lombo, chez David Giroire, Paris, septembre 2019

Mirò I, II, III

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